À l’instar de son époux Henri Génès, disparu en
2005, Jeannette (Janette à ses débuts) Batti était une comédienne
solide – à tous les sens du terme – dont le seul tort fut de
s’être laissé dévorer toute crue par le ban et l’arrière-ban
des plus mauvais cinéastes des années 40 et bien après, de
Jean-Paul Paulin à Bernard Launois, en passant par René Jayet,
Michel Gérard et les deux Jean (Loubignac et Laviron). Perdus au
beau milieu d’une filmographie en dents de scie à faire pâlir de
jalousie Alice Sapritch, Paul Préboist, Patrick Topaloff et Sim
eux-mêmes jusqu’au fin fond de leurs tombes respectives, on
retiendra néanmoins, appréciés dans les trois cas à leur juste
valeur, son incursion éclair dans la sphère Duviver (La Fête à Henriette, 1952), son passage furtif au sein de la
galaxie Guy Gilles (Le Clair
de terre, 1969) et l’image, bien plus pérenne de la Marinette
de La Traversée de Paris (Claude Autant-Lara, 1956).
Laissant aux nostalgiques du cinéma en Noir et Blanc
le souvenir de la prostituée délurée de Macadam
(Marcel Blistène et Jacques Feyder, 1946), de la très pétardière
Fifi de Mademoiselle s’amuse (Jean Boyer, 1947), de la bonne copine
souriante d’Aux yeux du
souvenir (Jean Delannoy, 1948) et de la dessalée chanteuse de
caf-conc’ de Jean de la Lune
(Marcel Achard, 1949), les moins de quarante ans auront – peut-être
– le sentiment de l’avoir croisée, comme entre de portes, lors
du réveillon pathétique ouvrant Le
Père Noël est une ordure ! (Jean-Marie Poiré, 1981),
tandis que les amateurs de cinéma « bis » conserveront
en mémoire le fantôme estompé d’une des pensionnaires de la
maison de La Nuit de la Mort !
(Raphaël Delpard), sarabande cannibale où elle se taillait la part
du lion au beau milieu d’un septuor vampiresque, dont les autres
membres se nommaient Betty Beckers, Michel Debrane, Germaine Delbat,
Georges Lucas, Ernest Menzer et Denise Montréal. Pour ses
quasi-adieux au cinéma, Jeannette Batti y participait la bouche en
cœur à la décapitation et au démembrement de la débutante
Charlotte de Turckheim, ce qui n’est pas une façon peu originale
de prendre congé, au terme de quarante ans de bons et loyaux
services, avec le septième art, avant de tenter d’en faire de même
avec l’éphémère Isabelle Goguey, météore eighies. Sa
filmographie est ici, allégée de quelques titres de la fin
des années 30 et 40, parce qu’on ne va pas non plus, pour
paraphraser nos amis du nouveau Coin
du Cinéphage,tout donner gratis aux sites pilleurs et
qu’il faut bien garder, ça et là, quelques inédits « première
main » pour ceux d’entre les lecteurs de ce site qui font
l’effort de nous suivre aussi
à travers nos publications papier. Qu’on se le dise.
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